Le Jardin de l’eau

Dans sa lointaine enfance, Slava vu en rêve une rivière passant au milieu des arbres penchés d’une forêt ; il en est tombé amoureux.
Cinquante ans plus tard, il l’a rencontrée par le plus grand des hasards et l’a, bien entendu, immédiatement reconnue.

Avant d’atteindre le Moulin, la rivière serpente longuement dans des bois qui rappellent la jungle amazonienne, croisant quelques rares villages avant de surgir après un coude dans les jardins du Moulin.
Elle est d’abord accueillie par le bassin d’un bain finnois empli de cris, de rires, des ploufs des plongeurs et des frémissements du feu.
Encore un tournant : de vénérables saules luxuriants contemplent, la tête penchée, le reflet de leur longues tresses argentées. A peine nous sommes-nous libérés de l’étreinte des saules que nous sommes frappés par l’éclat stupéfiant de l’Aile écarlate d’un voilier fabuleux prêt à prendre son envol.
Il y a un deuxième ponton devant la Maison coréenne. L’eau ralentit sa course, se fige presque, suivant un rythme zen. On peut s’arrêter là pour admirer l’aile écarlate et le dernier rayon de soleil plongeant dans la rivière à côté du Moulin. Encore quelques minutes de silence avant que la rivière n’enveloppe le Jardin noir de son étreinte mystique. Ici le ciel se reflète dans la rivière et dans les fenêtres qui flottent à notre rencontre ; en regardant au travers, on s’enfonce dans les profondeurs mystérieuses des yeux vert vif de la rivière.
Nous naviguons à présent devant le campement tsigane et son magnifique pont qui nous invite à descendre sur la rive. Nous sommes saisis par un poignant sentiment de solitude devant ce balconnet et son unique chaise mais ce sentiment s’évanouit immédiatement à la vue d’une Maison dérivant au milieu de la rivière. Nous sommes fascinés par le lit-canot flottant avec ses oreillers et ses édredons qui vient d’aborder la Maison flottante.
Mais le moment du repos n’est pas encore venu. On entend le grondement d’une chute d’eau déchaînée au pied du Moulin jaune, les flots impétueux qui firent tourner jadis les meules du moulin. Ici la rivière s’élargit, se transforme en grand lac devant la Cour. Tous les matins et tous les soirs, un Héron vient pêcher du poisson et reste longtemps immobile sur une patte sur le barrage. La nuit, d’innombrables loutres, petites et grandes, furètent sur la rive.
Et enfin, le bouquet final : la barque en forme de lune qui attend la nuit devant le jardin blanc pour se changer en beauté étincelante.

Principales collaborations :

ARTEL, jeunes architectes et étudiants en architecture, français et russes, installations éphémères
Apprentis de l’Académie Fratellini, performance sur le barrage
Confluences, chantier d’insertion, consolidation végétale des berges
Barolosolo, résidence de création « Balad’O »
Sarah Sellam, paysagiste, clôtures en saule tressé

 

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