Le noir, comme un jardin chimérique qui se joue de nos peurs d’enfant… Jonché de souches d’arbres laissées à l’abandon, on y frissonne sous les feuillages sombres. Le bois brûlé est-il la trace du passage de géants d’un autre monde ?
Peut-être des créatures mystérieuses aux chants inconnus observent tapies dans l’ombre, tandis que la cabane, dans sa rondeur mi-animale mi-végétale, semble être la tanière des sorcières.
Ce jardin est aussi un défi de jardinier : on y teste des plantations peu courantes sous nos climats qu’on essaie de domestiquer à l’ombre et les pieds dans l’eau.
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Derrière la carcasse d’un poisson gigantesque, le sentier rouge bifurque soudainement sur le côté et le voyageur se trouve nez à nez avec l’inexplicable. On s’interroge : a-t-il surgi de terre ou bien, au contraire, a-t-il volé jusqu’ici, faisant escale dans la clairière ? Est-ce Tchoudo-Ioudo, le monstre des contes russes, un étrange poulet quadrupède ou une girafe inachevée ? On ne saurait le dire. A l’extérieur, la structure insolite est enserrée dans une corde épaisse ; à la nuit tombée, une lumière vive et chaude brille entre les interstices des spires. L’une des fenêtres de cet ouvrage à quatre pattes qui surplombe le Jardin noir est tournée vers le ciel, l’autre donne sur les méandres de la rivière. Lorsqu’on tire sur la chaîne en fer, une passerelle bascule vers le sol et permet de se faufiler à l’intérieur.
En haut des marches, on pénètre dans des entrailles, chaudes et confortables, tapissées de fourrures et l’on ne veut plus en sortir ; rester à jamais dans le ventre de la bête.
On peut monter dans la soupente pour contempler le ciel étoilé. Ou bien ouvrir la porte qui donne sur la rivière, s’asseoir au bord du balcon et laisser pendre ses jambes dans le vide. Les jours de fête, ce balcon sert de scène aux artistes.
La magie du Jardin noir tient au fait que ses arbres, ses buissons, ses fleurs et ses herbes, collectés aux quatre coins de la planète, sont tous naturellement noirs, gris ou violet foncé. Une clôture noire, des chaises de géants faites de souches calcinées, un fauteuil-cocon suspendu en cuivre foncé, tout dans ce jardin est sombre et mystérieux : les personnages en miroir, les tables pareilles à d’énormes champignons armillaires, le piano ailé devant une rangée de fauteuils brûlés, comme cet arbre sacré, branchu, et ses douze créatures silencieuses.
PRINCIPALES COLLABORATIONS
AVEC, en alternance selon les saisons :
Annuelles :